Le confinement, l’occasion de réinventer le travail ?

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Le confinement, l’occasion de réinventer le travail ?

Dans un contexte de confinement, lorsque l’on doit rester dans un lieu fermé, sans possibilité de déplacement ou de réunion physique, le digital semble être la seule façon de maintenir le fil, le lien avec le monde extérieur. Dans certains cas, il constitue même l’unique manière de poursuivre l’activité, même si le travail doit pour l’occasion être, en quelque sorte, revisité. 

Pour les métiers dont la majorité des tâches s’effectuent en temps normal via ordinateur, on peut penser qu’il ne s’agit que d’un changement de lieu, d’une modalité d’organisation aboutissant au télétravail généralisé.

Pourtant, dans ce contexte, nous pouvons observer de prime abord deux dimensions du travail qui semblent-être particulièrement impactées : le lien humain, et la maîtrise des outils techniques. Comment continuer à échanger, s’entraider, conserver l’aspect humain du travail, sans être physiquement sur un même lieu, du jour au lendemain ? Comment parvenir à gérer l’utilisation d’outils digitaux inégalement maîtrisés, et donc l’acquisition ou le renforcement de compétences digitales en quelques jours ?

Ce changement de contexte brutal, pour être apprivoisé, exige a priori une forte réactivité mobilisant les capacités d’apprentissage de chacun.

Le maintien du lien humain

Travailler intégralement à distance, particulièrement dans la situation actuelle, interroge sur l’importance du lien interpersonnel en présentiel. Le comportement humain comporte certaines subtilités que l’on ne capte que de visu, comme le langage non-verbal, les expressions du visage, les émotions que l’on décèle dans le ton de la voix etc. Des subtilités qu’il est difficile de conserver à distance. C’est pourquoi, en télétravail, il peut être pertinent d’être particulièrement vigilant sur le bien-être de ses collaborateurs, insister pour avoir des nouvelles les uns des autres, pour éviter toute situation d’isolement.  

Pour illustrer concrètement ces propos, quelques mots de Lovisa Hagdahl, directrice de développement chez Evolve :

« Ce que je trouve à la fois enrichissant mais aussi parfois difficile et fatiguant est notre présence à des lieux parallèles sur plusieurs sujets en même temps.”

« J’ai noté que le travail à distance nous a amené à vérifier que tout le monde va bien de façon plus systématique et volontaire. Chez Evolve, nous avons mise en place de manière planifiée une routine avec nos réunions visio du matin, où on fait le « check up » par un tour de table. On vérifie que tout le monde est dans le bateau, que personne n’est laissé seul. Je trouve qu’on est plus vigilants sur l’état d’esprit des uns et des autres. Nous sommes une équipe qui travaille habituellement dans un même lieu, alors cette vigilance, nous l’avions aussi au bureau bien-sûr, mais de manière plus spontanée et moins « exhaustive ». Pour des plus grandes équipes ou des équipes qui travaillent sur des surfaces plus étendues et en particulier en environnement dynamique, cette vérification de l’état de santé ou d’esprit de tout le monde ne se fait pas toujours, et la souffrance de quelqu’un peut passer à la trappe. »


Le temps du confinement a généré l’instauration de nouvelles habitudes, plus formalisées parfois qu’à l’accoutumée. En effet, à distance, il est davantage nécessaire de planifier les réunions internes, au détriment de l’échange informel que l’on peut plus facilement provoquer en présentiel. Les échanges en dehors d’une équipe sont aussi impactés : clients comme prestataires vivent tous la même situation inédite.


« Je trouve que le ton a changé. Cela est sûrement plus lié à la situation de crise que le télétravail proprement dit. Je trouve que globalement le ton est plus bienveillant et sobre. »

La place centrale des outils digitaux


Quand le poste de travail devient uniquement virtuel, il doit être canalisé et autant que possible, apprivoisé. Les logiciels dont nous disposons permettent assez simplement de partager son écran avec un collègue, et de transmettre des informations en temps réel.


« J’ai déjà travaillé avec des membres de mon équipe à distance. Si on peut partager l’écran et intervenir sur le contenu, alors la distance n’a que peu d’importance pour la production. Les outils digitaux comme « Monday » et « Teams » permettent un meilleur flux pour les informations « simples » comme par exemple trouver un dossier particulier sur le réseau, des relances, des tuyaux pour des articles. »

Avec la diversité de l’offre de logiciels et applications sur le marché, les moyens de contact virtuels sont multiples : mails, conférences téléphoniques, messagerie instantanée, appels visio, partage d’écran… Sur ordinateur comme sur mobile, à toute heure, les notifications et les sollicitations affluent sur nos écrans. L’enjeu est de répondre au besoin de chacun de recevoir et transmettre l’information pour pallier au mieux à la distance physique, au risque d’entraîner une forme de surcharge cognitive, qui n’est pas simple à gérer. Il faut donc parvenir à sélectionner, hiérarchiser, prioriser l’outil en fonction des usages indispensables que l’on souhaite conserver, et parfois filtrer les échanges pour limiter les sollicitations.


« Ce que je trouve à la fois enrichissant mais aussi parfois difficile et fatiguant est notre présence à des lieux parallèles sur plusieurs sujets en même temps. On peut avoir plusieurs fils de conversations sur un sujet sur « Teams » à des temporalités qui s’entremêlent, en même temps qu’on fait une confcall avec un client. Lors d’un webinar auquel j’ai assisté récemment, un des participant suivait la discussion de la table ronde tout en marchant dans la forêt. Et on peut y ajoutes les conversations personnelles sur « WhatsApp », « « Snapchat etc. C’est vite “l’overload” ! (surcharge)»


Dans le cas de métiers déjà très digitalisés en temps normal, la généralisation du travail à distance peut produire un effet « booster » dans l’appropriation d’outils digitaux, en obligeant les entreprises à trouver des nouvelles façons d’interagir, de mobiliser la participation de chacun à distance, en bref, de faire preuve d’ingéniosité.

Pour autant, pour des personnes ayant des lacunes concernant l’usage des outils digitaux, on peut craindre une accentuation de la fracture digitale, pouvant être en partie comblée par un accompagnement managérial et des modules de formation sur les logiciels et applications utilisées à distance.

Bien que nous soyons aux prémices de la prise de recul sur la période que nous sommes en train de vivre, nul doute qu’elle soit l’occasion de se réinventer, de se renouveler, pour finalement se recentrer sur l’essentiel.  


Maeva PEREIRA

Directrice Pôle Change